Après les gilets jaunes, la colère noire
Ne vous y trompez pas : la hausse provisoire du budget de la justice ne s’explique que par la construction de prisons. En réalité, la situation est grave. Inédite. La justice, pilier de notre démocratie et priorité nationale est en danger.
La nécessaire justice du XXI ème siècle ne peut se construire sur le seul fondement de préoccupations budgétaires. Aussi, il est de votre responsabilité, quelle que soit votre appartenance politique, de préserver le maillage territorial afin de lutter contre la concentration de l’emploi, des richesses et des services sur Paris et les grandes métropoles. La justice de proximité que Madame la Ministre de la Justice, Nicole Belloubet, prétend défendre n’est en réalité qu’un leurre.
Dictée par des considérations économiques au mépris des réalités des territoires, l’approche gouvernementale en matière de Justice se résume comme dans bien d’autres domaines à un véritable dynamitage du maillage territorial actuel par simple décret, sonnant ainsi le glas de la justice publique pour tous.
- la tentative de règlement amiable du litige hors des tribunaux imposée sous prétexte de pacification des conflits, n’est destinée in fine qu’à dissuader le justiciable de saisir son juge.
- la spécialisation des Cours d’Appel qui s’étend à présent sur 5 régions dévitalise certaines cours d’appel comme celle de
- la désignation dans chaque département d’un Procureur représentant les autres procureurs préfigure le funeste projet du Procureur départemental unique.
- demain confiées aux Directeurs des Caisses d’allocations familiales, opérateurs de droit privé, les révisions de pensions alimentaires s’appliqueront mécaniquement selon un barème, sans étude des dossiers au cas par cas.
- totalement dématérialisée et analysée par un centre de traitement national, l’injonction de payer principalement utilisée par les banques et les assurances sera à l’avenir traitée par une « juridiction unique » de 20 juges,
consacrant trois à cinq minutes par dossier. Face à elle, le justiciable qui conteste ou sollicite des délais de paiement devra s’équiper d’accès internet, d’ordinateur et maitriser la technologie exigée sous peine de sanction irrémédiable. Pour rappel, 13 millions de Français souvent ceux concernés par les injonctions, n’ont pas accès au numérique.
Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres encore, notre colère est grande. Délaissés, incompris, méprisés, par une justice inéquitable et déshumanisée, nos concitoyens attendent de nous une organisation proche et efficace.
Notre détermination à plaider leur cause est totale.